Thierry CHURIN - Le château d'Alençon vers 1440
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Le donjon :
problèmes de localisation, orientation, mensurations,
choix de restitution


fig. 15


fig. 5


fig. 19-5


fig. 1

Incertitudes de localisation du donjon
Dans les faits, je ne peux le localiser qu'à 3 ou 4 m près tant les plans divergent :
Sur le plan de De Cessart (fig. 17), la rue de Bretagne et les murs retrouvés en fouille en 1990 sont parfaitement situés (moins de 0,5 % d'erreur sur les mesures et les orientations). Il m'a donc servi de base pour situer les tours de l'enceinte de la haute cour. 
Le donjon qui n'était pas l'objet principal de ce plan est hélas bien trop petit par rapport à ce qu'indiquent la majorité des autres plans. 
Ainsi un plan extraordinairement juste sur une zone peut être manifestement faux pour une autre où le dessinateur n'a pas eu besoin de précision.
Pour localiser le donjon, j'ai donc utilisé l'élévation de De Cessart (fig. 15) qui m'a seulement donné une distance par rapport au châtelet. 
A l'aide des perspectives et autres plans j'ai déduit une position plus ou moins avancée sur la Place Foch, mais sans certitude. La façade du donjon peut donc tout aussi bien se trouver sous les marches du palais de justice qu'à l'entrée de la salle des assises
Dans tous les cas on peut remarquer la stabilité du centre de pouvoir judiciaire dans le temps.


Orientation du donjon

Sur l'original de l'élévation de De Cessart (fig. 15), on voit la tour 13 derrière le donjon. Dans cette tour, il y a un contrefort représenté aussi sur la fig. 2 (plan de 1746). Pour que le contrefort soit visible il faut que le donjon soit orienté comme sur la fig. 2.

Incertitudes sur les mesures de la tour


 
Isabelle Chave (1998, p. 110, note 165) indique que la tour devait mesurer 16,50 x 18,50 m sans les contreforts, en s'appuyant sur une copie d'un plan de De Cessart faite par Hédin en 1862 "seule source exploitable" selon elle.

Pourtant le même Hédin, en marge de sa célèbre perspective (fig. 31) donne un plan coté du donjon où l'on peut lire 18,70 m en largeur et 17,40 + 3,90 soit 21,30 m en longueur. Plus de 2 m d'écart sur chaque mesure ! Il est vrai que dans un cas, les contreforts sont compris et pas dans l'autre, mais ils sont de faible épaisseur. Les plans de Hédin ne sont pas parfaits, ils ont cependant l'avantage d'être lisibles par le grand public.

Si je prends maintenant le plan de Le Queu (fig. 5 pour moi, fig. 4 p. 113 pour I. Chave 1998), et que je considère comme juste la cote de 16,50 m en largeur (1cm pour 3,235 m sur la fig. 4 de 1998) puis que j'applique ce rapport à la longueur : 6,4 cm avec l'appendice mais sans les contreforts ni les créneaux (6,4 x 3,235 = 20,70m). Avec ce résultat de 20,70 m on est très loin des 18,50 m attendus :
le donjon de Le Queu est bien trop long.

Si je prends enfin les 5 plans de Boesnier (fig. 19), cotés en pieds et apparemment faits avec précision (l'esthétique n'y est pas privilégiée) et que je continue à supposer que la largeur de 16,50 m est juste, le calcul du rapport longueur / largeur me donne 19,31 m, ce qui n'est toujours pas 18,50 m mais on s'en rapproche 
(16,50 m en largeur sans les contreforts équivalents à 15,25 cm sur le plan, d'où un rapport de 1cm pour 1,082 m. Appliquons ce rapport à la longueur : 17,85 cm avec la tourelle mais sans les contreforts soit 19,31 m).

Les plans successifs ne coïncident donc pas et ce n'est pas seulement un problème de conversion de pieds en mètres mais aussi un grave problème de proportions longueur / largeur. Dans cette incertitude, je décide de prendre la largeur sur l'élévation de De Cessart (largeur 17,15 m, contreforts compris soit environ 16,50 m sans), puis je privilégie Boesnier (fig. 19) pour déduire la longueur et un maximum de mesures car son plan est le plus récent et que c'est lui qui avait le plus besoin de mesures précises pour ses travaux. J'en déduis une longueur de 21,20 m avec les contreforts mais sans les mâchicoulis.

Mesures retenues pour les hauteurs, calculées sur l'élévation de De Cessart (fig. 15), en supposant la basse cour plate et au même niveau que l'actuel seuil du châtelet ce qui n'est pas certain (NGF 135,65m) : 
- seuil de la porte du donjon à 13,32 m de haut (NGF 148,97 m) ; 
- hauteur tour avec les tourelles mais sans les toits : 39,78 m ; 
- tourelles hautes de  4,25 m au dessus de la plate forme (crénelage compris mais sans leur toits coniques). 
- Rayon des tourelles : 1,64 m, crénelage compris, sur la fig. 5 et 1,41m sur la fig. 15. Je choisis 1,56 m. 
- La porte principale aurait 1,16 m de large pour 3,30 m de haut. A ce niveau, les murs auraient 2,80 m de large. 
- Fenêtre ogivale : largeur 1,50 m, hauteur 2,36 m .
 

hauteur de la chemise
Faible sur la fig. 18 ; petite épaisseur (donc faible hauteur ?) sur la fig. 17 qui ne mesure peut-être que la largeur au sommet ; assez basse et sans crénelage sur la fig. 1, avec meurtrières comme celle visible sur la fig.15. Je choisis le niveau maximum visible sur sur l'élévation de De Cessart (fig. 15) soit 10,90 m au dessus de la basse cour et j'ajoute un crénelage sans certitude qu'il ait existé. 
A l'intérieur de la chemise, le sol devait être surélevé par rapport au sol de la basse cour, réduisant ainsi le nombre de marches de l'escalier d'accès à la porte. Cette hauteur de terre devait être faible quand les portes ogivales étaient ouvertes dans la chemise et peut-être plus élevée par la suite quand des étages ont été ajoutés à la tour, facilitant sa défense.
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